A 17 ans, Star est privée de toute liberté : « élevée » par des parents irresponsables et dangereux, elle élève son petit frère et sa petite sœur dans des conditions insupportables. Jusqu’au jour où elle rencontre Jake et sa bande qui traversent toute l’Amérique en faisant du porte à porte pour vendre des magazines…
Andrea Arnold a été récompensée au 69eme Festival de Cannes par le Prix du jury, soit pour la troisième fois après Red Road et Fish Tank. C’est son premier film réalisé aux Etats-Unis, inspiré de sa propre histoire et d’un article du New York Times sur les vendeurs de magazines itinérants.
American Honey peut être décourageant à première vue pour sa longue durée : 2h43. De plus en plus de film se veulent longs mais sont incapables de conserver notre attention, à commencer par Silence. Mais Andrea Arnold maîtrise totalement son film, chaque plan est une vraie leçon de cinéma : prouesses techniques enchaînées, la majorité des plans sont principalement en lumière naturelle ce qui accentue l’authenticité de l’intrigue. Dans sa façon de filmer, la réalisatrice laisse à penser que le beau est partout : les regards vifs et curieux que posent ces jeunes nomades sur chaque nouveau décor qui les entourent est retranscrit par la caméra, au point de nous immerger dans ce road movie palpitant : le beau que l’on se surprend à découvrir dans les détails et spécifiquement dans la nature, les insectes, l’herbe verte, le ciel bleu… Toute la photographie est fascinante, frappante par tant d’éclat, de vie et de bons sentiments. Andrea Arnold n’essaye pas de nous mentir, au contraire : ces jeunes qui ont tant d’énergie en eux n’ont pas forcément une histoire à envier, notamment Star qui a vécu dans la misère avec des parents indignes. Ce qui est magnifique, c’est comment les faits sont présentés : souvent dans la suggestion ou par une entrée en matière légère, le décalage entre la situation et la beauté des plans met mal à l’aise et suffit amplement à provoquer l’effet voulu, sans nécessairement avoir recours à des scènes trash. Le casting y joue énormément : Shia LaBeouf est bourré de charisme et de vitalité, Riley Keough est à la fois glaciale, inattendue et intrigante et Sasha Lane est incontestablement une révélation, issue d’un casting sauvage comme la plupart des autres comédiens, preuve définitive que l’authenticité est à son apogée dans American Honey.
Difficile de qualifier cette pépite en un seul mot : American Honey est un road movie électrique, un hurlement délibéré de la liberté sur une BO impressionnante qui nous embarque dans ce voyage éblouissant et initiatique.
Réalisé par : Andréa Arnold – avec Sasha Lane, Shia LaBeouf
Date de sortie : 8 février 2017
Etats-Unis – 2h43
3 réflexions sur “American Honey”