©LesFilmsDuKiosque
« Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie… »
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Il est des films dont il est nécessaire de parler, car il est des films dont il est nécessaire qu’ils soient vus. Les Chatouilles, c’est d’abord le récit largement autobiographique d’Andréa Bescond, qui avait écrit et joué la pièce du même nom il y a trois ans à Avignon.
Remarquée par des producteurs, puis convaincue par eux d’en faire un film, elle s’associe à Éric Métayer pour écrire ce scénario : un scénario extrêmement bien construit, qui garde des traces de sa genèse théâtrale sans jamais perdre de vue sa perspective – et son efficacité – cinématographiques. Le réalisme de ce film, évidemment nourri d’une douloureuse expérience humaine, dépasse cependant le vécu pour nous livrer une déclaration sincère et sans langue de bois au sujet des violences pédophiles, mais aussi sur la question des mille failles humaines qui gravitent autour de nous. Si la beauté transpire d’un film si grave, c’est surtout car Bescond semble être parvenue à transformer sa douleur en une oeuvre remarquable : une reconstruction par l’art qui a par ailleurs la mérite de porter haut et fort un discours des plus sensibles sur l’humain. Il s’agit par ailleurs d’un long-métrage qui vous saisit, dans un empirisme qui, par son rythme, dicte à votre souffle quand se saccader ou se couper. Ses images, glaçantes, ne mentent jamais et tiennent la salle autant en larmes qu’en tension. Les personnages sont quant à eux aussi bien écrits que les acteurs sont dirigés : ce qui résulte en un réel tableau humain, qui ne saurait tomber dans des traits ou répliques stéréotypés.
Les Chatouilles met en scène ces performances qui vous paralysent de l’intérieur en même temps qu’elles vous agitent de l’intérieur. Un film qui aurait sans doute mérité plus qu’une sélection officielle Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes mais qui, quoi qu’il en soit, vaut bien des spectateurs de garder l’oreille tendue et les yeux, grands ouverts.
Réalisé par : Andréa Bescond et Éric Metayer – avec Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Grégory Montel, Carole Franck, Gringe, Ariane Ascaride…
Date de sortie : 14 novembre 2018
France – 1h43